Le système Amazon (Alec MacGillis)

On peut dire que le grand gagnant de la crise du coronavirus est Amazon.
Tandis qu’à la mi-avril 2020, la pandémie approchait de son moment le plus critique, la valeur des actions de la firme augmentait de 30 % par rapport à l’année précédente ; et en l’espace de seulement deux mois, la fortune nette du PDG Jeff Bezos augmentait de 24 milliards de dollars.
Comme le résume un analyste de l’industrie numérique : “Le Covid-19 a été comme une injection d’hormones de croissance pour Amazon.”

L’enquête d’Alec MacGillis débute bien avant la crise sanitaire actuelle.
Sa méthode est simple et efficace : c’est par une mosaïque d’approches et de vies que l’on comprend le mieux un système, comment ce dernier affecte ceux qui entrent en contact avec sa trajectoire. À la manière des grands reportages littéraires, « Le Système Amazon » décortique l’implacable machine et ses rouages à travers une impressionnante série de portraits et de tableaux.

Il montre également comment la firme est devenue un lobby à part entière à Washington, l’auteur poussant les portes du gigantesque manoir de Jeff Bezos, dans le quartier de Kalorama, où l’on croise lobbyistes, députés, sénateurs et membres du gouvernement.

Plus qu’un énième pamphlet sur l’impact destructeur du géant jaune au large sourire, ce livre, fruit d’années d’enquête, offre à lire le récit édifiant d’une société sous emprise.

De centres de livraison en data centers, de campus d’entreprises en entrepôts du mastodonte, visitez un autre monde, en proie à son Amazonisation, qui se divise entre gagnants et perdants, entre vies déconnectées et vies broyées par ce système.

https://www.leslibraires.ca/livres/le-systeme-amazon-une-histoire-de-alec-macgillis-9782021480528.html

Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail (Crawford)

«La génération actuelle de révolutionnaires du management considère l’éthos artisanal comme un obstacle à éliminer. On lui préfère de loin l’exemple du consultant en gestion, vibrionnant d’une tâche à l’autre et fier de ne posséder aucune expertise spécifique. Tout comme le consommateur idéal, le consultant en gestion projette une image de liberté triomphante au regard de laquelle les métiers manuels passent volontiers pour misérables et étriqués. Imaginez à côté le plombier accroupi sous l’évier, la raie des fesses à l’air.»

Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos. À partir du récit de son étonnante reconversion, il livre dans cet ouvrage intelligent et drôle une réflexion particulièrement fine sur le sens et la valeur du travail dans les sociétés occidentales.

Mêlant anecdotes, récit, et réflexions philosophiques et sociologiques, il montre que ce «travail intellectuel», dont on nous rebat les oreilles, se révèle pauvre et déresponsabilisant. À l’inverse, il restitue l’expérience de ceux qui, comme lui, s’emploient à fabriquer ou réparer des objets – dans un monde où l’on ne sait plus qu’acheter, jeter et remplacer. Le travail manuel peut même se révéler beaucoup plus captivant d’un point de vue intellectuel que tous les nouveaux emplois de l’«économie du savoir».

https://www.leslibraires.ca/livres/eloge-du-carburateur-essai-sur-le-matthew-b-crawford-9782707181978.html

Travailler moins ne suffit pas (Julia Posca)

Est-ce qu’il suffit de travailler moins pour retrouver l’équilibre entre les différentes facettes de nos vies surchargées ? La réduction du temps de travail est une revendication de longue date pour améliorer notre qualité de vie. En passant moins de temps au travail, nous pourrions enfin reprendre notre souffle et consacrer plus de temps à nos relations sociales, aux tâches domestiques ou encore pour s’engager dans la communauté. Mais est-ce que notre travail nous comble et contribue au bien commun ? Julia Posca interroge notre rapport au travail, explore sa nature et envisage les voies à emprunter pour lui redonner un sens. À la dystopie dans laquelle nous nous enfonçons toujours un peu plus, nous pourrions opposer l’utopie du travail « démarchandisé, démocratisé et dépollué ». Une invitation à revoir l’organisation du travail pour qu’il réponde d’abord aux besoins les plus « authentiques » : assurer à tous et toutes une existence digne, entretenir des relations riches, léguer une vie bonne aux futures générations.

https://www.leslibraires.ca/livres/travailler-moins-ne-suffit-pas-julia-posca-9782897199470.html

L’argent, mode d’emploi (Paul Jorion)

L’argent nous cause bien des joies et bien des peines. Du coup, certains se sont dits : changeons la manière dont il fonctionne et c’en sera fini de nos soucis. Mais le coupable est-il bien l’argent, ou la manière dont chacun de nous le gagne et… le perd ?

Quels sont les véritables mécanismes qui se cachent derrière le mythe de l’« argent-dette » ou la légende des « banques qui créent de l’argent ex nihilo », dont le citoyen ordinaire doit aujourd’hui se contenter ?

L’auteur, qui s’est fait connaître du grand public en prédisant la crise des subprimes, a travaillé dix-huit ans au coeur de la finance, à Paris, Londres ou San Francisco, là où l’argent s’échange contre des reconnaissances de dette qui elles se vendent et s’achètent, dont douze années consacrées au « pricing » et à la gestion du risque pour les principales banques américaines des secteurs prime et subprime.

https://www.leslibraires.ca/livres/l-argent-mode-d-emploi-paul-jorion-9782818505489.html

Dans le rouge! L’endettement des ménages québécois (Sébastien Rioux)

Si l’on croit le discours dominant, l’endettement est un phénomène individuel ancré dans une mauvaise gestion des finances personnelles lié à une sorte d’analphabétisme économique. C’est également la faillite morale d’individus vivant au-dessus de leurs moyens. Ou, l’argument de la responsabilité individuelle ne peut expliquer l’augmentation permanente. En effet, le ratio d’endettement des ménages au Canada par rapport au revenu disponible est passé de 66% en 1980 à 170% en 2017. Au Québec comme ailleurs, nous assistons à une importante généralisation de la dette comme nouvel horizon des rapports sociaux. D’une part, la hausse de l’endettement étudiant, la croissance du crédit à la consommation et l’augmentation de l’endettement hypothécaire soulignent bien cette transformation du rapport à la dette. D’autre part, la hausse du nombre de dossiers d’insolvabilité et l’accroissement des difficultés financières chez les aîné-es, qui déclarent de plus en plus faillite, viennent démontrer que le régime d’endettement actuel est insoutenable. La restructuration du rôle l’État, la détérioration des conditions d’emploi, la stagnation des salaires, la marchandisation croissante de l’éducation et la hausse du coût du logement ont largement contribué à augmenter la pression financière sur les ménages. L’endettement est un phénomène systémique du capitalisme financiarisé qui vient supporter la croissance économique dans un contexte caractérisé par l’érosion de la santé financière des travailleur-euses. Surtout, il représente un puissant outil de contrôle social engendrant de nouveaux rapports de dépendance.

Le monde selon Amazon (Benoit Berthelot)

Une enquête sur les coulisses de cette multinationale qui a révolutionné en vingt ans le monde de la librairie en ligne. L’auteur décrypte les techniques brutales de fabrication et de management : secret imposé aux employés, pression psychologique, productivité à l’extrême. Les méthodes de lobbying et d’évasion fiscale sont également mises au jour.