La ville de Montréal a annoncé cette semaine (13 juillet) qu’elle tiendrait une consultation publique au sujet de l’itinérance, un phénomène qui a pris de l’ampleur dans les dernières années et qui aurait entraîné une hausse du sentiment d’insécurité dans la métropole. La mairesse Valérie Plante dit vouloir recueillir l’avis de toutes les citoyennes et les citoyens, « qu’[ils aient] un code postal ou qu’[ils] n’en [aient] pas ».
La précision est importante, car les personnes itinérantes sont trop souvent oubliées lorsqu’il est question de réfléchir aux solutions à apporter à ce problème social qui a pris de l’ampleur dans l’ombre de la crise du logement. Mais la capacité des administrations municipales et des gouvernements à éradiquer l’itinérance dépendra aussi de la manière dont est posé le problème.
Plus qu’une question de sécurité publique, l’augmentation du nombre de personnes sans-abri apparaît comme un enjeu lié à une pauvreté persistante, de même qu’aux problèmes de santé qui peuvent en découler. Les politiques sociales des dernières décennies ont contribué à créer cet état de fait: faiblesse des investissements dans le logement social, accès réduit aux soins de santé mentale, prestations d’aide sociale faméliques, etc. Quant à la judiciarisation des « incivilités » et au démantèlement de campements, en tentant de chasser les personnes itinérantes de l’espace public, ces mesures n’ont fait qu’aggraver la situation.
Derrière l’itinérance se dressent ainsi des choix politiques motivés tant par la volonté des villes d’en protéger le caractère attractif en les « nettoyant » que par celle des États d’« assainir » leurs finances publiques au nom de l’équilibre budgétaire. Seules des politiques ancrées dans la solidarité sociale et la protection des plus vulnérables pourront sortir des gens de la rue et leur redonner la dignité qui revient à tout être humain.