Noires sous surveillance : Esclavage, répression et violence d’État au Canada (Robyn Maynard)

La vérité a souvent un goût amer. Nous ne savons comment accepter nos histoires. Faut-il s’en tenir aux faits et dire la vérité ? Cet ouvrage monumental si richement documenté est précieux, il nous tire de l’oubli et du silence. Que savons-nous de l’esclavage au Canada ? Que savons-nous de la répression exercée sur les femmes et les hommes noirs ? Que savons-nous du racisme systémique ? Que savons-nous de la détresse des Autochtones, des sans-papiers, des personnes réfugiées ? Enfin fort peu… Parce que l’État construit et déconstruit les récits à travers les institutions. Les citoyen.ne.s sont ainsi condamné.e.s à reproduire une histoire qui nous échappe.

https://www.leslibraires.ca/livres/noires-sous-surveillance-esclavage-repression-et-robyn-maynard-9782897125776.html

Io capitano

It. 2023. Drame de Matteo Garrone avec Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo. Exposés aux périls de passeurs et de brigands, deux cousins sénégalais traversent le continent africain afin d’atteindre la Libye, point de départ de leur passage en mer vers l’Europe. Road-movie supérieurement documenté sur les périls meurtriers auxquels sont confrontés les migrants africains. Quelques commodités narratives. Traitement digne et respectueux. Magnifiques interprètes (MediaFilm).

Les apatrides anonymes Émission du 21 mars 2024

On vous parle des routes migratoires dans le monde, de la Manche, de la Serbie et de Frontex ; on vous présente les actualités latino-américaines ; on traite d’enjeux autochtones et de nouvelles d’ici sur l’immigration, ainsi que de la situation dramatique dans les prisons québécoises ; et on vous propose l’agenda militant et des découvertes musicales ! Pour écouter c’est ici

L’inflation ralentit: la Banque du Canada en prendra-t-elle acte? (IRIS)

On apprenait mardi que l’Indice des prix à la consommation avait connu au Canada une progression sur un an de 2,8% en février. L’inflation se maintient ainsi dans la fourchette de 1% à 3% que la Banque du Canada se donne comme cible pour guider sa politique monétaire. Moins de deux semaines auparavant, la banque centrale avait maintenu inchangé le taux directeur à 5,00%, territoire où il se situe depuis le 12 juillet 2023. Le Conseil de direction de l’institution avait alors justifié sa décision en affirmant être « préoccupé par les risques entourant les perspectives d’inflation ».

Rappelons qu’entre février 2022 et juillet 2023, la Banque du Canada a fait passer son taux directeur de 0,5% à 5%, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis avril 2001. L’objectif de cette mesure: faire croître le coût des emprunts afin de limiter la consommation et ainsi exercer une pression à la baisse sur les prix.

On pourrait conclure que le ralentissement de l’inflation est le résultat de cette politique restrictive si ce n’est que les facteurs qui sont à l’origine de la récente poussée inflationniste sont hors du contrôle de la banque centrale. Chaînes d’approvisionnement paralysées par la pandémie de COVID-19, effets de la guerre en Ukraine et d’événements climatiques extrêmes sur les prix des aliments, conséquences des décisions des pays producteurs de pétrole et de gaz sur les coûts de l’énergie, hausse des profits des grandes entreprises du secteur de l’alimentation… La stabilisation (toute relative, il va sans dire) de ces différents phénomènes a fait ralentir le rythme d’augmentation des prix depuis 2023.

La banque centrale influence cependant encore fortement le niveau des intérêts que les ménages détenteurs d’une dette hypothécaire doivent verser à leurs créanciers. La hausse du taux directeur a fait croître ces paiements et, partant, le ratio du service de la dette des ménages canadiens, qui a atteint 15% au 4e trimestre de 2023. On se trouve dès lors devant un double paradoxe: d’une part, la Banque du Canada contribue à l’inflation qu’elle a le mandat de combattre; d’autre part, l’institution considère le niveau élevé d’endettement des ménages qui en résulte comme un indicateur de vulnérabilités financières.

La prochaine révision par la banque centrale du taux directeur aura lieu le 10 avril. Espérons qu’elle commencera à relâcher l’étau pour le bénéfice non seulement des personnes endettées, mais de l’ensemble de l’économie canadienne qui a jusqu’ici échappé à la récession.

L’incontournable besoin d’une réforme en profondeur de notre système d’éducation

On le répète ad nauseam, notre système d’éducation est en piteux état. Il y a même un consensus dans la population à ce sujet. Aussi, depuis au moins 2016, de nombreuses voix ont réclamé la tenue d’un nouvelle Commission Parent 2.0 (en référence à la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec de 1961 à 1964) ou des États généraux sur l’éducation, comme ceux de 1995-1996. Suite, cliquez ici

Le bilan peu reluisant de Brian Mulroney (IRIS)

Le bilan peu reluisant de Brian Mulroney

Le décès de l’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney a été souligné par de nombreuses personnalités publiques qui ont rendu hommage à l’homme politique et son imposant legs. Parmi les accomplissements qui ont été salués, on note la signature de l’accord de libre-échange canado-américain (ALE), l’opposition au régime sud-africain d’apartheid puis, en matière environnementale, la conclusion de l’Accord sur les pluies acides.

La disparition de cet éminent politicien conservateur donne toutefois l’occasion de se souvenir des reculs survenus durant ses deux mandats à la tête du pays et de prendre la mesure des conséquences délétères que peuvent avoir des politiques publiques sur le tissu social et économique d’une nation, et ce bien des années après leur adoption.

L’ALE, qui a ouvert la porte à la négociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, a participé à fragiliser les conditions de travail sur le continent et à miner la souveraineté des États face aux entreprises privées. La privatisation de plusieurs entreprises publiques a éloigné l’État de certains secteurs économiques stratégiques. L’introduction de la taxe sur les produits et services (TPS) a marqué un virage régressif dans le cadre fiscal canadien. Le resserrement des critères d’admissibilité à l’assurance-chômage et les coupes dans le financement du programme ont concouru à la précarisation des travailleurs et des travailleuses. Quant à la fin du financement fédéral du logement social, qui explique en partie le déficit actuel de logements à prix modeste, il s’agit d’un des préludes à la crise du logement qui sévit au pays. Mentionnons par ailleurs qu’en bon conservateur, l’avocat de formation a aussi tenté de criminaliser à nouveau l’avortement après que la Cour suprême eut invalidé la disposition du Code criminel qui niait ce droit fondamental aux femmes.

En somme, à travers son parti pris net pour le libre marché, Brian Mulroney a avant tout contribué à la dérégulation de l’économie canadienne, faisant de lui une figure importante du néolibéralisme aux côtés de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan. Le fait qu’on peine à reconnaître cet héritage en dit long sur la prégnance de ce courant d’idées au Québec et au Canada.