Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, aussi ministre de la Langue française, déposait ce jeudi un projet de loi sur l’intégration nationale (PL84). Jean-François Roberge a expliqué que le modèle d’intégration actuel était « cassé » et qu’il souhaitait conclure un nouveau « contrat social » avec les personnes d’origine immigrante afin d’« assurer la pérennité de la langue française et de la culture québécoise ». Le projet de loi mentionne « que l’intégration réussie des personnes immigrantes repose sur une responsabilité partagée entre celles-ci et la société d’accueil ».
Il est pourtant présenté dans un contexte où le gouvernement manque justement à ses devoirs envers les nouvelles et nouveaux arrivants. En témoignent les importantes coupes dont ont fait l’objet cet automne les programmes de francisation, mais aussi l’élimination de projets scolaires qui leur étaient destinés.
Le PL84 survient également quelques jours après que Le Devoir ait révélé des cas flagrants de racisme envers des étudiant·e·s en soins infirmiers d’origine africaine. Ces événements choquants rappellent que les préjugés envers les néo-Québécois·es font particulièrement obstacle au « vivre-ensemble ». Or, il n’en est aucunement question dans le projet de loi élaboré par le ministre Roberge.
Par ailleurs, pendant que le député de Chambly défend la nécessité de « favorise[r] la vitalité et la pérennité de la culture québécoise en tant que culture commune et vecteur de cohésion sociale », plusieurs musées à travers la province subissent les contrecoups des compressions budgétaires imposées par le gouvernement : suppression de postes, fin de la gratuité un jour par mois, fermeture temporaire, etc.
Puis la semaine dernière, des centaines de personnes œuvrant dans le domaine de la culture et des arts manifestaient devant les bureaux du premier ministre François Legault pour exiger une bonification du budget du Conseil des arts et des lettres du Québec, dans un contexte où nombre d’artistes, de travailleurs et de travailleuses de la culture vivent dans une très grande précarité.
Le gouvernement mise à nouveau sur les questions identitaires pour gagner la faveur de la population, mais une analyse sommaire de quelques-unes de ses plus récentes actions en matière de soutien de la culture et d’intégration des immigrant·e·s permet de douter des réels objectifs de son plus récent projet de loi.